500 millions d’amis, la carte de Facebook – 2) Analyse globale

Après avoir démonté la première carte mondiale de Facebook et montré qu’elle ne disait pas ce qu’elle prétendait dire mais qu’elle exprimait essentiellement le discours « Facebook », j’essaie dans ce deuxième volet de la reconstruire en corrigeant certains de ses biais pour l’analyser.

Deuxième partie : analyse globale

Dans le précédent billet, j’analysais et critiquais la carte réalisée par Paul Butler sur les amitiés Facebook. Je tente ici de la reconstruire pour voir ce qu’elle pourrait nous dire, sachant que, comme je l’expliquais, on ne peut pas réellement visualiser à partir de cette carte les connexions Facebook entre les lieux. Ce serait passionnant mais il faudrait disposer des données d’origine et proposer une autre visualisation. A défaut, j’essaie de débarrasser l’image de certains de ses biais pour y lire plus simplement la répartition des usagers de Facebook à travers le monde. Ensuite je la confronte visuellement à d’autres cartes, pour comprendre la nature de l’emprise Facebook.

En procédant ainsi, je n’obtiens pas de résultats véritablement originaux mais je relativise un peu la folie Facebook  tout en mesurant la formidable puissance du site de socialisation.

Image d’origine

Reconstruction

Correction de la projection

La première chose à faire est de corriger la projection choisie qui n’est pas adéquate. Il semble que Paul Butler ait simplement affiché les coordonnées géographique en latitude et longitude comme des coordonnées cartésiennes, en plaçant l’origine des coordonnées à l’intersection du méridien de Greenwich et de l’Equateur. Cela correspond à une projection dite Plate Carrée qui est un modèle très simple et très ancien de projection cylindrique. Comme toutes les projections cylindriques, y compris celle de Mercator utilisée par Google, elle a tendance à déformer les surfaces en exagérant celles qui sont loin de l’équateur (voir cet article de L. Jégou et D. Eckert dans la revue Mappemonde). Elle exagère par exemple la surface de la Scandinavie comparée à l’Inde ou de l’Amérique du Nord par rapport à l’Afrique. Pour corriger cette distorsion, je souhaite choisir une projection plus respectueuse des surfaces (on dit équivalente) même si elle change les formes. Mais je ne dispose pas des coordonnées géographiques de l’image originale. Je l’ai donc intégrée dans un logiciel de Système d’Information Géographique (SIG) (ArcGIS de la société ESRI). Les limites de la carte de Paul Butler sont en effet  assez précises pour qu’on puisse les faire coïncider avec les limites des continents et superposer l’image à une image satellite du monde référencée dans un système de coordonnées en WGS 84. J’ai donc géoréférencé l’image en prenant des points de repères par rapport à cette image satellite et je l’ai affichée selon une projection de Mollweide, plus respectueuses des surfaces des pays et des continents. J’ai auparavant utilisé un logiciel d’imagerie pour effacer le logo Facebook de l’image dont la déformation venait perturber la lecture.

Image recalée et en projection Mollweide

Correction des valeurs de l’image

Comme on l’a vu la carte présente à la fois les connexions et les connectés en surpondérant les connexions à longue distance pour les faire apparaître à l’échelle du monde. On peut donc prendre le parti d’éliminer autant que faire se peut ces liaisons lointaines de manière à ne garder que les liaisons locales, que l’on suppose très fortement corrélées avec le nombre de connectés à Facebook. On va en effet tirer parti du mode de visualisation choisi par Paul Butler qui n’additionne pas les intensités des connexions mais affiche au-dessus celle dont la valeur est la plus forte.  On peut faire l’hypothèse que les valeurs de connexions locales, proportionnelles aux connectés, sont la plupart du temps plus fortes que les liaisons longue distance. Ainsi, en supprimant les valeurs faibles de l’image au moyen d’un seuillage des couleurs, on devrait faire disparaitre les liaisons lointaines sans trop dénouer les structurations locales de la présence Facebook. Pour simplifier les affichages dans le SIG, j’ai séparé les trois canaux de l’image couleur 24 bits et j’en ai fait un seul canal correspondant à la moyenne des trois canaux. J’obtiens une image comparable à celle d’origine mais dans un seul canal dont les valeurs s’échelonnent de 0 à 255. Après différents tests, j’ai choisi de laisser à 0 tous les pixels dont la valeur est inférieure à 190 en maintenant une dynamique linéaire entre 190 et 255.  Ce seuil de 190 est bien sûr arbitraire et discutable. Je l’ai choisi pour ramener à 0 la quasi totalité des pixels situés dans les océans, c’est à dire ceux dont on est sûr qu’ils ne correspondent qu’à une connexion longue distance.  En faisant cela je dois certes gommer certaines zones terrestres à présence faible de Facebook, mais cela me semble très localisé.  On en discutera dans le troisième billet. On obtient donc un indicateur plausible de la présence de Facebook dans le monde, qui ressemble à la carte ci-dessous. Moins jolie mais plus juste que la cartes des amitiés …

Image reclassée, recalée et en projection Mollweide

Pour rendre plus visible les données à cette petite échelle, j’ai ensuite densifié légèrement les zones de présence Facebook en passant sur la carte un filtre maximum dans une fenêtre 5×5 qui diffuse les fortes valeurs dans le voisinage proche. Cela permet de mieux faire ressortir les petites zones en exagérant leur surface. Ceci pour un simple usage de visualisation sur ces cartes très générales. J’ai aussi changé la palette et inversé l’ordre des valeurs. Plus la teinte est sombre, plus il y a de membres Facebook. Cela facilitera les combinaisons visuelles avec les autres cartes.

Image reclassée, recalée, filtrée et en projection Mollweide

Cette intégration dans un SIG a aussi un très grand avantage. Elle me permet de confronter la carte Facebook à d’autres données géographiques. Je peux par exemple afficher les limites des pays (données fournies par ESRI) pour mieux localiser le phénomène Facebook.

Analyse cartographique globale par comparaison visuelle

Que nous dit la carte mondiale des amitiés Facebook ? Cette carte confirme bien sûr ce qu’on voyait déjà en observant rapidement la carte d’origine : certains pays sont quasi absents de Facebook : le Brésil, la Chine, la Russie. L’Afrique dans son ensemble a pratiquement disparu. Certains internautes ont déjà proposé des compléments à cette carte. Sur Nawaat, le blog collectif  tunisien très en pointe dans la « révolution tunisienne »,  Sami Ben Gharbia citait dès le mois de décembre le travail de Thorsten Gaetz qui compare la carte avec  une carte des densités mondiales de population et une carte des zones où les autres sites de réseau social sont actifs. je reprends ici une analyse systématique générale de comparaison de cette carte de l’intensité des connexions Facebook avec des cartes de distributions d’autres phénomènes au niveau mondial. La méthode ne peut être qu’approximative car nous n’avons pas d’information sur les quantités mesurées dans la carte Facebook.  Tout ce que nous pouvons supposer est que plus les pixels ont une valeur forte, plus l’usage de Facebook est intense. Pour interpréter la répartition des membres du site de socialisation, nous devons disposer de quatre autres informations :

  1. Où sont les humains ?
  2. Où sont les humains ayant l’électricité ?
  3. Où sont les humains connectés à Internet ?
  4. Où sont les humains membres d’un site de réseau social ?

Nous présentons ci-dessous une analyse de comparaison visuelle à partir de cartes disponibles sur le Web.

La population mondiale

Il est possible alors de comparer notre carte avec des cartes de répartition de la population. Il en existe plusieurs sur le Web. Nous avons repris celle de la banque mondiale qui présente les densités de population par compilation des recensements et rapportées à une grille de résolution de 5 km2. Elle date de 1995 mais les structures générales ont vraisemblablement peu changé. Nous l’avons géoréférencée et l’avons mis la carte en dégradé de gris pour faciliter la comparaison. Les zones les plus peuplées sont en clair. Les limites politiques, en clair aussi, brouillent un peu le message mais les grandes structures apparaissent.

On voit par comparaison visuelle que  Facebook se trouve bien représenté dans certaines zones de population extrêmement denses mais pas dans toutes. Pour comparer plus facilement les deux cartes, je les superpose avec deux palettes de couleurs différentes (bleu pour Facebook et gris pour les densités) en laissant une transparence à la carte du dessus. Ce n’est pas complètement satisfaisant mais c’est la manière la plus rapide de procéder.

Superposition de la présence potentielle Facebook avec les densités de population

On constate que Facebook ne concerne qu’une faible partie des zones densément peuplées de la planète et délaisse les zones où se concentrent les plus pauvres en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Ce n’est pas un scoop, mais il était important de le rappeler. Dans de nombreux cas, ces populations n’ont même pas accès aux bases du confort ni à un logement décent.  Elles n’ont pas forcément l’électricité. Alors, Facebook…

Que la lumière soit !

On peut à ce propos utiliser une carte célèbre, celle de l’éclairage la nuit en 2003 élaborée par la Nasa à partir de nombreuses images satellites, que nous avons aussi géoréférencée et qui nous montre où sont les hommes à travers leurs traces lumineuses vues de l’espace.

Carte de l’éclairement

Elle intègre bien sûr d’autres éléments que la présence d’hommes au sens strict et direct, comme les torchères des champs pétroliers, les feux de tourbières en Russie ou les lampadaires des réseaux routiers. Et surtout elle induit un biais : les zones les plus éclairées ne sont pas les plus peuplées mais les plus « développées ». Il suffit de comparer l’Europe ou les Etats-Unis avec la Chine par exemple. Cette carte est cependant intéressante car le niveau d’éclairement a une relation avec l’accès à l’électricité, préalable à toute connexion à Internet. Il faut cependant ne pas oublier qu’elle ne mesure pas l’équipement électrique réel. On peut avoir l’électricité dans sa maison sans que le la route à côté soit éclairée en permanence, heureusement. Quoiqu’il en soit, on mesure à travers les différences d’éclairage en Afrique, Amérique du Sud et Asie, comparées à l’Europe et aux Etats-Unis que l’accès à l’électricité limite l’accès à Internet et donc à Facebook dans une grande partie des zones densément peuplées des pays les plus pauvre.

Superposition de la présence potentielle Facebook avec l’éclairement

La superposition de la carte de la présence Facebook (en bleu) avec la carte de l’éclairement permet de différencier les zones où l’absence de Facebook correspond à une absence ou à une faiblesse d’infrastructure en énergie comme dans l’Afrique intertropicale, et les zones où les hommes sont reliés à l’électricité mais où Facebook reste peu utilisé : toute l’Asie (y compris le Japon) hormis l’Indonésie, les territoires de l’ancienne URSS, l’Afrique du Sud, l’Amérique Latine sauf l’Argentine et le Chili.

L’accès à Internet

Le dernier facteur à prendre en compte est l’accès Internet lui-même. Chris Harrison a réalisé en 2007 une carte de la densité des connexions Internet au niveau mondial. Elle présente une échelle relative, permettant de comparer les différentes régions du monde entre elles. Il faut cependant différencier à ce propos l’équipement de l’usage. Dans les pays les  plus pauvres, des dizaines de personnes peuvent partager une connexion unique grâce aux lieux collectifs d’accès à Internet.

Densité des connexions Internet en 2007. Source : Chris Harrison

Malgré sa résolution assez grossière, on mesure combien l’accès à Internet est limité dans certaines régions du monde, surtout les plus denses en population.

Superposition de la présence potentielle Facebook avec la densité de connexions à Internet

Quand l’on superpose cette densité de connexion avec la carte Facebook et si on la considère comme un indicateur fiable de la facilité d’avoir accès à Internet à la fin des années 2000, on prend conscience que Facebook occupe déjà la majeure partie des zones hyperconnectées du monde, Japon et Europe orientale exceptés.  Il est même très présent dans des zones relativement moins connectées en 2007 comme l’Indonésie ou l’Argentine.

La carte des réseaux sociaux

Enfin, Facebook n’est pas le seul système de réseau social, même s’il est celui qui rassemble le plus de membres dans le plus grand nombre de pays. Il existe de nombreux concurrents, limités souvent à certaines régions du monde Vincenzo Cosenza en a dressé une carte très intéressante en compilant les données de fréquentation des sites par pays données par Alexa et Google Trends. On voit bien quels concurrents bouchent les trous de la carte de Google: Orkut et ses 50 millions d’utilisateurs au Brésil,  Qzone et ses 200 millions d’utilisateurs chinois, Vkontakte et ses 100 millions de membre revendiqués en Russie, Ukraine, Biélorussie et Kazakhstan, sans compter les autres :  Hi5 très utilisé en Amérique centrale, RenRen le réseau social des étudiants chinois et ses 20 millions d’utilisateurs ou encore Cloob, en Iran et Mixi au Japon.

Quelques réseaux sociaux concurrents

Une fois placés sur la carte, on voit que les limites de la présence Facebook correspondent presque exactement à des frontières politiques. Il peut s’agir de choix nationaux affirmés, comme en Chine ou en Iran. Encore notera-t-on qu’il y a des usagers de Facebook à Téhéran et à Hong-Kong. Il peut s’agir de logiques socio-culturelles spécifiques. Laurent Jégou dans un commentaire sur le précèdent billet citait cet article du New-York Times qui explique que Facebook n’arrive  pas à s’implanter au Japon, pourtant une des sociétés les plus connectée au monde (voir la carte ci-dessus de l’accès à Internet). Des concurrents puissants sont déjà installés et la culture Internet y est ancienne  et organisée différemment. Pourtant les choses changent vite comme le montre la série de cartes de Vincenzo Cosenza où l’on voit chaque mois de nouveaux pays tomber dans l’escarcelle de Facebook. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la notion même de réseau social n’est pas claire  : certains sites sont plus des portails ou se spécialisent sur des types d’utilisateurs: étudiants, joueurs, etc. ou s’organisent par communautés d’intérêt. Leur fonction n’est donc pas toujours comparable à celle du très généraliste Facebook.

Conclusion

Cette petite analyse très simple illustre comment on peut combiner, croiser et recouper visuellement des données cartographiques trouvées sur le Net. Si elle n’apporte pas de vue révolutionnaire sur la présence Facebook dans le monde, elle rappelle cependant que le site de socialisation ne concerne encore qu’une minorité de la population de la planète, celle qui a accès à un ordinateur.  Elle montre aussi que l’accès à Facebook suppose une infrastructure technique et un environnement économique capable de le supporter et dont l’efficacité varie selon les pays.

Ceci dit, la domination de Facebook sur la grande majorité des zones à accès Internet hyperdense est saisissante. Le Japon en est un contre-exemple très spécifique. On note aussi des variations très fortes d’un pays à l’autre qui laissent paraître, contrairement à ce qu’affirme la vulgate Facebook à propos de la connexion généralisée, que les frontières politiques, culturelles et sociales demeurent fortes.  Mais le rouleau compresseur Facebook avance à toute allure. On essaiera d’analyser quelques configurations régionales dans un ultime volet de ce billet à rallonges.

A suivre, le troisième volet: évolution

15 réflexions sur “500 millions d’amis, la carte de Facebook – 2) Analyse globale

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  6. Il faut d’ailleurs à ce propos saluer le tour de force technique que constitue sa carte pour synthétiser une information aussi volumineuse. A mon avis une réelle représentation des connexions ne peut pas se faire en une seule carte mais en nécessiterait plusieurs qui diversifieraient les espaces et les niveaux d’organisation : liaisons entre continents, entre mégapoles mondiales, entre métropoles d’une même sous-région, etc..

  7. Pingback: yamnveille

  8. Bon article mais votre site avec texte en gris clair sur gris foncé, pas la meilleure idée ;))
    Un bon point : vous avez évité la police Comic ;))

  9. Quelques mots à propos de R et de « néogéographie » : Quand je vais faire un tour sur Géorézo ou le Forum SIG, je constate qu’on parle de nombreux logiciels, y compris de Grass, mais pas beaucoup de R. Son nom même The R Project for Statistical Computing montre bien qu’il est issu de la sphère statistique et pas géographique. GRASS signifie lui : Geographic Resources Analysis Support System qui délimite bien sur quel terrain il a poussé et il fait partie des outils historiques des chercheurs en géomatique.

    Qu’on me comprenne bien : R est un excellent logiciel qui intègre de plus en plus de fonctions spatiales et permet des traitements puissants. C’est un peu comme Mathlab, un outil de calcul et de simulation hors pair y compris pour les données spatiales. Les géomaticiens scientifiques n’utilisent guère ni l’un ni l’autre. Dans les deux cas, ils ont tort et la carte de Facebook en est peut-être une illustration. Le code développé en R pour produire la carte fait 150 lignes d’après Butler http://paulbutler.org/archives/visualizing-facebook-friends/. Si c’est bien le cas, cela illustre la puissance de R.

    Je fais l’hypothèse que certains utilisateurs scientifiques et développeurs qui utilisent ces outils de traitement et d’analyse spatiale pour traiter des données géographiques mais sans « culture géographique » ressemblent un peu aux « néogéographes » amateurs ou professionnels qui réinventaient la géomatique avec Google Maps et les API. Ce qu’ils proposent est intéressant et rafraîchissant mais un peu naïf parfois, dans le rapport aux données, aux traitements, aux visualisations et aux utilisateurs. La carte Facebook me semble un joli exemple de ce type d’utilisation.

    Les géomaticiens devraient aller jeter un coup d’œil du côté de R comme ils ont fini par utiliser les outils dits « néogéographiques » : http://georezo.net/forum/viewtopic.php?pid=185004#p185004. Ceci dit, l’hybridation se fera : https://mondegeonumerique.wordpress.com/2007/11/13/geomatique-20/

  10. Pingback: 500 millions d’amis, la carte de Facebook – 1) Déconstruction « Monde géonumérique

  11. @vos bricolages : les précédents bricolages que vous citez ont aussi des tons moins sérieux, alors qu’ici je perçois un ton sérieux et plus docte (le géographe qui réagit au travail du néogéographe)

    Je ne connais absolument pas le public général de ce blog, mais personnellement je n’ai absolument pas été surpris de voir l’emploi de R dans ce exercice de cartographie pour Facebook. Je placerais R dans le même univers que GRASS, qu’on ne peut nier son implication dans la géomatique (même si R n’a pas le même historique et est plus récent). Certes cet univers n’englobe pas le même genre d’utilisateurs, mais ils sont loin d’être des néogéographes ! On ne peut prétendre qu’ArcGIS est du coup un outil plus classique dans le monde professionnel du SIG est faire une leçon de géographie avec ! En tout cas, c’est une des raisons pour laquelle je n’ai pas compris cette leçon et le parallèle avec l’article didactique de Paul Butler sur son utilisation de R.

    Je viens de remarquer un point intéressant à propos de la projection de Molleweide utilisée : Le tracé des liaisons passant par les pôles est beaucoup plus naturel (hormis dans l’hémisphère sud…). Je trouve que ce point parle peut-être plus que les arguments classiques de cartographie (déformation des pays, conservations des angles, etc).

  12. Merci de votre contribution, Jérôme, même s’il est décevant de décevoir, surtout un fidèle et actif lecteur comme vous !

    Un premier point en guise de réponse. Non je ne découvre pas vraiment ArcGIS ou les SIG mais il ne m’est pas indifférent de faire découvrir ces outils à ceux qui ne les connaissent pas et à mon avis ils sont nombreux. La carte de Paul Butler est un objet technique très intéressant qui relève de ce qu’on pourrait qualifier de néogéographie scientifique, fondée sur une utilisation d’outils étrangers à la géomatique (le logiciel R). Après avoir un peu critiqué sa carte, je trouvais amusant d’y répondre avec une petite application sans prétention mais précise des outils très classiques (archaïques ?) utilisés par les professionnels des SIG.

    Second point : à mon avis, il faut un peu de variété dans toute chose. J’aime bien les questions théoriques et distanciées mais j’apprécie aussi les petits bricolages techniques sur le feu et j’en ai déjà commis plusieurs sur Monde Géonumérique:
    https://mondegeonumerique.wordpress.com/2009/01/25/points-de-vue-varies-sur-les-jo-dhiver-a-chamonice/
    https://mondegeonumerique.wordpress.com/2007/10/02/vous-nous-faites-marcher/
    et ailleurs :
    http://spacefiction.wordpress.com/2009/12/07/when-max-ernst-had-fun-with-a-mapquand-max-ernst-samusait-avec-une-carte/

    Troisième point : comme je l’ai montré dans le premier billet, sur l’image d’origine les connexions longues ne sont pas signifiantes et les connexions courtes ne sont pas visibles. On ne peut donc pas les analyser à partir de ce matériau. Il faut revenir aux 10 000 000 de paires d’amis de P. Butler. Il faut d’ailleurs à ce propos saluer le tour de force technique que constitue sa carte pour synthétiser une information aussi volumineuse. A mon avis une réelle représentation des connexions ne peut pas se faire en une seule carte mais en nécessiterait plusieurs qui diversifieraient les espaces et les niveaux d’organisation : liaisons entre continents, entre mégapoles mondiales, entre métropoles d’une même sous-région, etc..
    Donc le 3ème volet reprendra la carte à des niveaux régionaux ou locaux avec les connexions apparaissant à cette échelle.

  13. Rassembler toutes ces cartes qu’on a tous plus ou moins vu un jour permet d’avoir une analyse intéressante.

    Par contre, je trouve dommage que Thierry Joliveau semble découvrir le logiciel SIG et les manipulations sur ArcMap. Alors que cette forme d’article ne me semblerait pas déplacée dans la revue « Géomatique expert », j’ai été habitué sur ce blog à plus de distance, et une analyse moins technicienne. Ce mélange de méthodologie technicienne et d’analyse géographique me parait incongrue.

    J’ai dans la tête plus ou moins les cartes présentées dans ce billet, je les ai superposées mentalement en visualisant la première fois la carte commentée. C’est peut-être pour cela que j’attends un peu trop de ce genre de billet ?

    Oui cette reconstruction nous montre en détail comment cette carte peut être un très beau produit de communication pour Facebook, mais de l’assemblage connectés + connexions, on a retenu ici que la carte des connectés. La partie complémentaire, celle des connexions, sera-t-elle l’objet de la troisième partie de cette série d’articles ? Il serait dommage d’éviter le sujet premier de la carte, Facebook et le réseau social qui relie la planète entière. Les connectés ne sont pas totalement connectés à une infosphère totalement virtuelle, ils sont reliés à leurs « amis ».

  14. Merci pour cette analyse, il semble que la Corée du sud avec son réseau Cyworld (autour de 16M de comptes pour une pop. de 50M) soit aussi un contre exemple spécifique au même titre que le Japon, néanmoins sur les dernières cartes de V. Consenza, Cyworld a disparu au profit de Facebook !

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