L’application Google trends compte la fréquence avec laquelle un mot-clé est saisi dans le moteur de recherche de Google et fournit des statistiques chronologiques et géographiques. Je l’ai utilisé pour comparer quelques mots clés liés à la géomatique et à ses outils : geomatics, GIS, GPS, Google Earth, Google Maps, ArcGIS, Mapinfo… Les résultats sont à observer avec un regard critique compte tenu des limites de l’instrument et restent difficiles à interpréter (voir à la fin de ce billet une courte note méthodologique). L’exercice n’est pas inintéressant et met bien en évidence l‘originalité de la situation française.
Geomatics, GIS et GPS
La comparaison des entrées Geomatics, GIS et GPS illustre le caractère confidentiel du mot géomatique dont le score est nul ou quasi. Remarquons toutefois que Geomatics est a priori moins utilisé en anglais que Géomatique ne l’est en français. GPS est quant à lui 5 fois plus recherché que GIS (Geographical Information System), alors que le score de ce dernier est gonflé par son homonymie avec le pluriel des soldats américains (GIs). A noter aussi que le score de GIS baisse régulièrement, alors que GPS reste stable.
Le GPS suscite la curiosité du grand public plus que les SIG, ce n’est pas une surprise …
ArcGIS, Mapinfo, Google Earth
Vouloir comparer trois logiciels aussi différents peut surprendre. Comme précédemment, le résultat était attendu et illustre l’écrasante différence de notoriété entre des outils professionnels et un outil grand public.
Google Maps, Google Earth, Google Street View
Les trois outils géonumériques de la firme de Mountain View ont des scores aux profils très différents. Google Earth est 3,5 fois plus cité que Google Maps, qui l’est lui même 10 fois plus que Street view, plus récent il est vrai. Mais remarquons que Streetview est souvent demandé par les internautes en association avec Google Maps ce qui contribue à augmenter d’autant le score de ce dernier. L’effet Google Earth est donc particulièrement évident. Son lancement à mi-2005 a eu un retentissement spectaculaire et a projeté les technologies géonumériques dans le grand public. Incidemment on voit sur ce graphique qu’ il a aussi contribué à attirer l’attention du public sur Google Maps.
Fait intéressant : si au niveau mondial Google Earth reste plus de trois fois plus recherché que Google Maps, il n’en va pas de même en France.
Chez nous l’effet Google Earth s’est effacé plus vite. Dès novembre 2007, l’intérêt toujours croissant des internautes français pour Google Maps se rapprochait de Google Earth et le dépasse à mi-2008. On ne retrouve ce phénomène ni en Allemagne, ni en Italie, ni au Royaume-Uni, ni aux Etats-Unis, ni en Chine. Seuls les japonais recherchent plus Google Maps que Google Earth mais le profil de ce dernier au Japon est depuis le début très spécifique.
Une explication pour cette singularité hexagonale peut-être cherchée dans l’existence du Géoportail.
Son apparition en 2006 a bien suscité un mouvement de curiosité des internautes français, plus important d’ailleurs que celui exercé par Google Earth un an plus tôt. Toutefois cet intérêt est retombé depuis au même niveau que celui pour Google Maps et Google Earth. Et, en France, sur les 12 derniers mois, Google Earth est requêté sur Google près de 3 fois plus que le Géoportail (le rapport au niveau mondial est de 50 à 1 sur la même période).
Esri, Pitney Bowes, Intergraph, Autodesk
Parmi les quatre sociétés internationales intervenant en géomatique que j’ai choisies, Autodesk domine les recherches des internautes, largement devant Esri, Pitney Bowes (Mapinfo) et Intergraph dans l’ordre. Deux sont en baisse régulière depuis 2004 (Esri et Intergraph) tandis que les deux autres sont stationnaires. On constate en passant que la période des fêtes de fin d’année n’est guère propice au surf sur Internet.
Arcview, ArcGIS, Mapinfo, Geomedia
J’ai testé le niveau de curiosité des internautes pour 4 logiciels de SIG mondialement distribués (Géoconcept n’est malheureusement pas assez interrogé sur Google pour avoir un score significatif).
En moyenne, c’est Arcgis qui suscite le plus l’intérêt des internautes depuis 2004 au niveau mondial. Les requêtes comportant Arcview et Mapinfo représentent en moyenne les 3/4 de celles d’ArcGIS, Geomedia fermant la marche avec 9 fois moins de requêtes qu’ArcGIS. Seul celui-ci est d’ailleurs en augmentation, les profils d’Arcview, Mapinfo et Geomedia déclinant régulièrement.
Une nouvelle fois, la situation française est différente et un peu intrigante :
Le score de Geomedia n’y est pas significatif. Mapinfo représente 5 fois plus de requêtes qu’ArcGIS (mais celui-ci n’apparaît il est vrai qu’au dernier trimestre 2006) et 10 fois plus qu’Arcview, dont les statistiques très erratiques posent d’ailleurs question (effet d’échantillonnage sur un trop petit nombre de requêtes ?) . Si l’on restreint la recherche aux 12 derniers mois, Mapinfo reste en tête mais avec seulement 50 % de requêtes de plus qu’ArcGIS.
Associer « erreur » avec Arcgis, Mapinfo et Google Earth
Il est possible dans Google trends de procéder à des interrogations plus complexes. Si on entre (arcgis error), (mapinfo error), (google maps error), on peut mesurer et comparer les fréquences d’associations entre les deux termes. On obtient alors ce qui peut éventuellement s’apparenter à une mesure de l’intensité du désarroi des utilisateurs confrontés à un logiciel qui ne fait pas ce qu’ils attendent.
Je laisse à la sagacité du lecteur l’interprétation de ces derniers résultats et je me garderai bien d’en tirer quelque conclusion que ce soit.
D’autres idées d’analyse ?
Note : l’application Google trends est encore dans Labs, donc pas complètement testée. Elle est basée sur un échantillonnage des requêtes faites dans Google depuis 2004. Un volume minimum de requêtes est nécessaire pour que le score du mot-clé soit différent de zéro et donc les statistiques pour un seul pays sont souvent impossibles faute d’un nombre de requêtes suffisant. Les chiffres présentés sont relatifs et sont situés sur l’échelle en fonction de la moyenne du score sur la période considérée. Ils permettent de comparer les scores des mots-clés entre eux. Ici une présentation en francais et là une explication méthodologique en anglais.
Comme Google Trends traite un échantillonnage de requêtes et non pas l’intégralité de celles-ci, on peut penser que les résultats des mots-clés trop confidentiels n’ont pas de validité statistique. Je ne crois pas que Google ait précisé quelque part sa méthodologie à cet égard.
Pourquoi Googlr trends ne peux pas comptabiliser les mots clefs à faible occurence. Et quel est le seuil à partir duquel le mot clef peut etre vu
?
Tout à fait d’accord, on ne sait pas bien ce que l’on compte avec Google trends. Les « erreurs » d’orthographe dans les requêtes sont certainement significatives et devraient être prises en considération.
J’ai publié ce billet autant à titre de curiosité que de démonstration… Je me demande cependant si les ordres de grandeur ne sont pas plausibles.
Bonjour Thierry,
Merci pour ce billet et les échanges de points de vue auquel il invite.
Pour avoir utilisé Google trends sur les mêmes mots clés que dans ton billet, il apparaît que les résultats sont parfois très différents selon l’orthographe des mots-clés. Ainsi selon qu’on saisit GoogleMaps avec ou sans « s », ou encore GoogleMaps en un seul mot ou en deux mots séparés, les résultats sont étonnamment différents…
Cela invite surtout à la prudence dans l’utilisation de cet outil, par ailleurs, certainement utile, mais dont on ne peut être certain des résultats et donc de leur interprétation.